Salesforce, Oracle, Amazon, Google, Adobe… ils sont tous sur le pied de guerre pour conquérir le secteur public en France.
Et pour cause.
Les organismes publics veulent accélérer les réformes. Ils doivent apporter des résultats tangibles et un retour sur investissement dans un minimum de temps.
Face au système administratif, les citoyens que nous sommes attendons une simplication et une centralisation des démarches.
Si je résume bien les études, les grands axes attendus pourraient presque se résumer à 3 points :
- Ne pas avoir à fournir plusieurs fois la même information, en d’autres termes, la centralisation des données
- Une plus grande rapidité du traitement des démarches en ligne
- la synchronisation entre l’univers physique et l’univers virtuel pour créer un nouvel accueil de proximité : le « phygital ».
La transformation pourrait s’inspirer du secteur privé pour améliorer les processus et les systèmes informatiques. Et l’innovation permettrait de produire des améliorations durables centrées sur la rentabilité, l’efficacité et l’expérience citoyen.
Objectif 2022
« Action Publique 2022 », c’est le nom du programme de transformation de l’action publique lancé depuis 2017.
Parmi les objectifs phares, améliorer la qualité des services publics en travaillant à la simplification et la numérisation des procédures administratives.
C’est un levier majeur pour l’amélioration des services publics et le gouvernement s’était donc engagé à offrir 100% des services publics dématérialisés aux Français à horizon 2022.
Une très belle initiative.
Malheureusement, la crise du Covid-19 est passé par là et le planning s’en retrouve probablement perturbé.
L’ensemble des démarches, par thèmes et ministères, sont accessibles publiquement sur l’observatoire de la dématérialisation produit par la Direction interministérielle du numérique, la DINUM.
La dernière actualisation date d’Avril 2020 et fait l’objet d’une mise à jour trimestrielle, on y trouve toutes les évolutions de manière très transparente.
Des enjeux colossaux
Les améliorations offertes par le numérique sont déjà notables. Les services tels impôts.gouv.fr, ameli.fr, ou encore caf.fr en sont la démonstration.
Mais les innovations vont continuer. Le Secrétaire d’Etat au Numérique souhaite accélérer la mise en place de l’identité numérique, qui se matérialisera par la carte d’identité électronique initialement prévue pour 2021.
Cette identité numérique permettra de réaliser en ligne un certain nombre de procédures, publiques mais aussi privées, qui nécessitent aujourd’hui un déplacement physique au guichet (ex : faire une procuration, ouvrir un compte en banque, etc.…).
Et ce n’est qu’une des innovations à venir. En réalité, le champ des possibles autour de la digitalisation et plus globalement autour de la data offre un terrain de jeu quasiment illimité pour les acteurs du cloud.
La donnée, ou plutôt la diversité de la donnée, représente encore un capital sous exploité par les acteurs publics qui veulent tirer pleinement parti de cet actif.
Les champs d’applications sont aussi divers que profitables et les géants du cloud marketing l’ont bien compris :
Pour les territoires et collectivités
Les modèles évoqués sont :
- La capitalisation de données, qui permet d’optimiser et de donner de la visibilité sur l’énergie consommée
- La fourniture de services type « freemium »
- La promotion de la mise en commun : les habitants échangent entre eux des services voire la production d’énergie (création de micro-grids)
- La proposition de services bon marché adossés à des revenus de type publicitaires
Immobiliers et constructions
En construction, les chantiers pourraient être mieux pilotés grâce à l’exploitation de la base de données, permettant ainsi des gains de temps et de coûts. Le travail collaboratif (le BIM) pourrait faciliter la transmission d’information entre toutes les parties prenantes du projet. On assisterait à l’émergence d’une véritable Supply Chain du chantier.
En phase exploitation, qui représente 75% du coût global du bâtiment, les gains liés aux usages du travail collaboratif sont les plus intéressants. Il permettrait notamment une optimisation de la recherche d’informations par une conservation des données techniques du patrimoine ainsi qu’un gain de temps dans l’intervention grâce à une meilleure localisation de l’équipement et de son descriptif. La connaissance plus fine des volumes sur le parc permet une optimisation des achats et une meilleure prévision et maitrise des budgets.
La fonction RH dans le service public
Avec plus de 5,4 millions d’employés dans la fonction publique, l’état est donc le 1er recruteur Français et on comprends aisément que les solutions tchnologiques liées à la fonction RH représentent un enjeu économique capital pour le service public. (source)
Les solutions HR Tech liées à la gestion des métiers et des compétences permettent de répondre à trois enjeux majeurs :
- Cartographier en temps réel les compétences actuelles et futures pour une meilleure allocation et utilisation des ressources
- Evaluer les écarts en termes de niveau de compétence à combler
- Meilleure gestion des RH, allocation d’indicateurs de performance et données de compétences des agents grâce au RH analytics.
Exploitation des données de santé
Le marché de la donnée santé est évalué à environ 5,3 milliards d’euros, et devrait progresser en moyenne de 25 % par an dans les cinq prochaines années (selon Gartner). De quoi donner le vertige.
Dans ce domaine, les enjeux sont colossaux aussi bien d’un point de vue économique que sociétal : améliorer la connaissance médicale pour mieux soigner, optimiser l’efficience des services et des organisations de soins, inventer de nouveaux modèles économiques autour de la médecine….
L’open data apporte une vraie valeur ajoutée aux différents écosystèmes autour de la santé.
Les alliances les plus spectaculaires se nouent entre laboratoires pharmaceutiques (Novartis, Sanofi, Teva, Novo Nordisk) et Big techs (Google, IBM, Qualcomm), allant jusqu’à la création de véritables consortiums à l’instar de celui de J&J, IBM et Apple. D’autres alliances se concrétisent entre sociétés technologiques (Royal Philips et Amazon, Median Technologies et Microsoft).
Partage et commercialisation de données auprès du secteur privé
« L’or noir » que représente la data publique est une donnée très convointée par certains acteurs du secteur privé.
La donnée, même anonymisée, génère un intérêt certain pour de nombreuses ativités pour l’analyse des opportunités, des bassins de populations, pour les prédictions, les : mutuelles, constructeurs auto, banques, immobilier, je laisse votre imagination fonctionner, sky is the limit !
Ce ne sont ici que quelques une des possibilités offertes par la digitalisation des services de l’état parmi tant d’autres.
Voyons maintenant l’approche des géants du cloud marketing.
Les géants du cloud Marketing à la conquête du secteur public
Salesforce, Oracle, Amazon, Google, Adobe…Ils sont tous sur le pied de guerre.
On peut facilement se représenter que le secteur public est à la fois un enjeu majeur de développement et la source d’une compétition féroce.
Même en période de crise, les gros acteurs du cloud marketing recrutent actuellement à tour de bras pour s’accaparer le marché public. Les pages d’emploi de chacune des 5 sociétés affichent toutes des opportunités (à l’heure où j’écris cet article).
Les argumentaires de vente à destination des services publics sont accessibles en ligne et nous permettent d’en savoir davantage sur les solutions proposées.
Chez Salesforce, le mini site de promotion créé pour l’occasion est animé et particulièrement bien fait : https://www.salesforcepublicsectordemos.com/fr-fr/
La suite SFMC ouvre la voie à de nombreuses exploitations : Social studio ouvre le champ à l’analyse des tendances et la prise de parole auprès des citoyens. Le App launcher permet d’organiser l’espace de travail des agents, Journey builder permet de planifier, personaliser et optimiser chaque interaction. SFMC terminaux mobiles est mis en avant pour optimiser la gestion des permis et des inspections. Le fil Chatter optimise les interactions avec les agents pour les réclamations et les démarches administratives…en bref, l’ensemble des outils de la Suite est exploitée de manière intelligente pour accompagner le secteur vers une transition réussie et pertinente vers le numérique.
Chez les autres géants, les pages dédiées renvoient davantage vers le service commercial :
- https://www.adobe.com/be_fr/covid-19-response/government-resources.html
- https://www.oracle.com/fr/corporate/features/secteur-public/
- https://aws.amazon.com/fr/government-education/government/
- https://cloud.google.com/solutions/government?hl=fr#fonctions
Les freins reglementaires face aux acteurs du cloud
La durée et les conditions de résiliation du marché
Le contrat avec un prestataire de Cloud prend souvent la forme d’un « accord-cadre ». Or, selon l’article 78 du décret n° 2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics, la durée des accords-cadres ne peut dépasser quatre ans pour les pouvoirs adjudicateurs et huit ans pour les entités adjudicatrices, sauf dans des cas exceptionnels dûment justifiés. Cette durée de quatre ans se révèle bien souvent trop courte en regard des délais requis en amont pour hybrider ou relocaliser les systèmes d’information, qui prennent, en moyenne, entre 18 et 24 mois. En outre, les contrats d’hébergement souscrits par des entités publiques bénéficient d’un droit de rupture anticipée, tel que prévu par le cahier des clauses administratives générales (CCAG) relatif aux Techniques de l’Information et de la Communication (TIC).
Ces deux points constituent donc des freins pour les opérateurs de Cloud lors des réponses aux appels d’offre.
En savoir plus sur les clauses : https://cispe.cloud/website_cispe/wp-content/uploads/2019/09/CISPE-Buying-Cloud-Services-FR.pdf